Libreville - 07

Publié le par Eric CERQUEIRA

Mercredi 26 février 1997
 
Mont Bouët. Le plus grand marché du monde.
Un dédale de rues, d'allées, de passages entrelacés, débouchant sur des places bouillonnantes de vie, passant par des souterrains sombres où des centaines de box d'un mètre carré feraient rougir le mythe de la caverne d'Ali Baba. On y trouve de tout, tout le monde, et partout. La chaleur suffocante du marché couvert vous prend à la gorge surtout dans le quartier des viandes étalées ça et là sur des comptoirs sales rappelant plus l'odeur du "boucané" que de la viande fraîche. Le labyrinthe vous semble interminable. La foule dense danse autour de vous comme une farandole et vous vous retrouvez emportés trois allées plus loin sans savoir comment, abasourdis par le brouhaha et les odeurs, par les couleurs et la chaleur. Vos vêtements trempés de sueur, se plaquent sur votre corps bouillant et assoiffé de fraîcheur. Mais vous êtes ailleurs, enivré des essences de ce peuple tourné vers la civilisation moderne mais sans vraiment la regarder.
 
Je vois une grande corbeille en bois débordante de fruits de toutes tailles. Quelques mangues, un soupçon de papayes, des citrons verts, un zeste de bananes, une pincée d'oranges, et au beau milieu une énorme pastèque. Et le tout est posé au centre d'une table recouverte d'une nappe brodée aux armes de l'amour (bis), (ter), (encore).
 
Nous sommes en plein carême, et les églises sont pleines à craquer. Au hasard d'une ruelle, nous arrivons devant une grande paillote, ouverte aux quatre vents, dont les boiseries utilisées pour la charpente et le soutien sont entièrement sculptées. Des visages simples tantôt souriants, tantôt tristes, courent tout autour de la bâtisse. La façade principale est recouverte de mosaïque multicolore et de petites figurines en bois. Une note, puis deux, et quelques voix qui s'élèvent, et le murmure grandit pour enfin emplir tout entière l'enceinte religieuse et ses alentours. Car aux quelques dizaines de personnes assises dans l'église St Michel, s'ajoutent de nombreux autres fidèles amassés sur des bancs à l'extérieur. Les chants, les danses, la musique, les chorales toutes de mauve vêtues s'en donnent à coeur joie. Joie en cadence frappée de ces mains laxistes qui retombent avec nonchalance le long des corps auxquels la musique imprime des mouvements ondulatoires. Joie des cœurs tournés vers le ciel sous la harangue déterminée du maître de séance, dans un profond repentir des péchés regrettés. La vie jubilait tout au long de cette cérémonie, les Hommes étaient présents et leur expression était proportionnelle à ce don d'eux même qu'ils offraient sans retenue. Belle image d'une religion vivante et pacifiste.

Publié dans Séjour à LIBREVILLE

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